17 Octobre 2016 - l'agriculture biologique

Qu'est-ce que le bio?
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Comment démêler les caractéristiques de l'agriculture biologique ?
Comment est-on sûr que les normes sont respectées ?
Sur quels critères les normes sont établies ?

En un mot : l'alimentation bio (qualité, certification, production)

Intervenant Marc Peyronnard :

"Après une école d'agriculture, un travail de recherche dans l'industrie phytosanitaire, des voyages d'évaluation et de développement de projets agricoles,  je suis devenu maraîcher bio.
Maintenant à la retraite,  je suis membre du directoire agriculture de FNE, pilote du réseau agriculture de la FRAPNA région et secrétaire général de la frapna 38, je réalise des petits films ou des fiches techniques sur les alternatives aux pesticides..."

Après la présentation d'un film que M. Peyronnard a réalisé autour de producteurs à la fois en agriculture biologique et en agriculture conventionnelle celui-ci nous a présenté un montage diapositives qui questionne l'agriculture en termes d'agroécologie en parallèle avec l'agrobiologie. La présentation fut très animée, le public ayant tout loisir de poser des questions lorsqu'il le désirait.

Qu'est-ce que l'agriculture biologique ?

Définition, de l'AB par l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique :

« L’agriculture biologique s’inscrit au cœur du développement durable. C’est un engagement pour le bien-être des générations futures.

  • Un sol vivant et fertile
  • Une agriculture sans produits chimiques de synthèse ni OGM
  • Le respect du bien-être animal
  • Une diversité à tous les niveaux
  • La garantie de la naturalité et de l'authenticité
  • Des filières durables et innovantes »

L'agriculture biologique est une des formes de l'agroécologie
Pour Olivier de Shutter l'agroécologie, c'est :
« Un ensemble de pratiques agricoles qui  recherche des moyens d’améliorer les systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre  les composantes de l’agroécosystème. »


Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement.


La particularité de l'AB, c'est qu'elle  s'interdit l'usage des pesticides chimiques, des OGM. Pour autant, il existe un bon nombre d’agriculteurs bio, qui, à cette exception près, travaillent presque comme des agriculteurs conventionnels : cultures de plein champ, en rang, sur une terre dénudée, beaucoup de travail du sol, très peu de biodiversité, beaucoup de mécanisation.


Le concept de Fertilité en agriculture conventionnelle :


«  La fertilité d'un sol se mesure à l'abondance  des récoltes qu'il porte, lorsqu'on lui applique les techniques agricoles qui lui conviennent le mieux.  » G . BARBIER (1955)


Rendre un sol fertile, c'est lui  apporter les éléments nutritifs assimilables dans l'équilibre que l'on pense être le meilleur pour les cultures. Les engrais solubles apportent les éléments essentiels : N, P, K


Exemple : l'azote qui est un facteur limitant, il est apporté sous forme soluble par des engrais de synthèse, leur fabrication utilise beaucoup d'énergie, le plus souvent du gaz naturel. Il faut 2,5 équivalents pétrole pour fabriquer 1 unité d'azote. 


Cette agriculture correspond à une réponse économique, elle permet de produire de grosses quantités d'aliments avec le minimum de travail humain, elle génère une grande Productivité.


Mais cette utilisation massive se heurte entre autres à la durabilité d'un système qui utilise des ressources fossiles en voie d'épuisement, l'abandon des apports organiques a provoqué la stérilisation de milliers d'hectares dans le monde.

 

La fertilité en Agriculture Biologique :

Pour les cultures il s’agit de nourrir le sol pour nourrir la plante.


La conduite des productions végétales est basée sur l’amélioration constante de la fertilité et de l’activité biologique des sols et privilégie l’apport d’amendements organiques.


La fertilisation est basée sur des rotations longues des cultures, comprenant des légumineuses, des engrais verts, l’épandage d’effluents bio. Si ces méthodes ne suffisent pas, d’autres engrais peuvent être utilisés, y compris des effluents conventionnels d’origine non industrielle, à condition qu’ils soient dans la liste positive dédiée. Par accord tacite, l’interprétation courante est qu’il est possible d’utiliser le fumier d’un élevage dès lors qu'il n'est pas "hors-sol".


L'agroécologie va parfois plus loin que l'AB, mais ces 2 approches ne sont pas opposées, elles sont complémentaires. L'énergie utilisée par l'AB et  l'agroécologie, c'est le soleil qui la fournit :
La Terre en absorbe 130 millions de GW en une heure, d'énergie lumineuse.


L'énergie totale consommée par l’humanité en 1 an est d’environ 100 Millions de Gwh. 


L'énergie lumineuse du soleil est de très loin l'énergie la plus abondante, l'agroécologie et l'agriculture biologique vont maximiser la Photosynthèse, qui  transforme l'énergie lumineuse en énergie chimique.

 

Bilan énergétique de la photosynthèse

Il faut six molécules de dioxyde de carbone et six molécules d'eau pour synthétiser une molécule de glucose, relâchant six molécules de dioxygène, grâce à l'énergie lumineuse.
6 CO2  + 6 H2O + énergie lumineuse → C6H12O6 (glucose) + 6 O2
Pour améliorer le potentiel de production végétale, il faut maximiser la photosynthèse. Pour cela, il faut :

L'AB s'interdit les pesticides, elle privilégie la prévention.
La biodiversité, favorise l'équilibre prédateur / proie au sein
de l'agrosystème, 

Priorité à la mise en œuvre délibérée des éléments naturels
de limitation et en respectant les seuils de tolérance»
 

Paysage diversifié = facteur de résilience.

 


L'agroforesterie, de nombreux atouts : lien ici

  • Augmentation du rendement des cultures et gains économiques
  • Conservation du sol et amélioration de la qualité du sol,remontée d’éléments fertilisants avec les feuilles mortes. 
  • Séquestration du gaz carbonique atmosphérique
  • Augmentation de la biodiversité

Une certification rigoureuse :

Pour faire reconnaître et valoriser ses produits en agriculture biologique, un opérateur doit faire appel à un organisme certificateur agréé par les Pouvoirs publics (INAOi en France) et accrédité par le COFRACii sur la base de la norme NF EN 45011.
Les contrôles sont annuels et comportent des visites inopinées, comme prévu par les plans de contrôle nationaux.
Ceux-ci portent sur l’ensemble du système de production : parcelles agricoles, intrants, lieux de stockage, transformation, recettes, enregistrements, comptabilité générale et matière, garanties, étiquettes, documents commerciaux… Des prélèvements pour analyse sont effectués afin de vérifier la non-utilisation de produits interdits (pesticides, OGM…).
Un certificat est délivré chaque année à l’opérateur pour attester de la conformité des produits à la réglementation. Des sanctions sont prévues en cas de non-respect.
La marque AB
Propriété exclusive du Ministère de l’Agriculture, qui en définit les règles d’usage, la marque AB de certification, comme le logo bio européen, identifie des produits 100% bio ou contenant au moins 95% de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés, l'usage est facultatif.
 

Marque de communication,  

de certification France,           

de certification des pays d'Europe.

L'agroécologie et l'AB peuvent relever les défis du changement climatique
La Décarbonatation des sols représente…
… une perte d'environ 60 % du carbone stocké (UNEP Year Book, 2012)

Les principales causes et responsables :
Changement d’attribution des sols (défrichement, urbanisation, agriculture industrielle…).
L’agriculture et l'industrie agroalimentaire pèsent pour 24% des émissions mondiales de GES

Or les sols sont un véritable Puits de carbone
= 2000 Gigatonnes de carbone, 3 fois ce que contient l'atmosphère

4 ‰ est le taux de croissance annuel du stock de carbone dans les sols qui permettrait de stopper l’augmentation actuelle du CO2 dans l’atmosphère.


L'agroécologie tend quant à elle à rendre autonome une parcelle avec un bon usage du soleil ressource énergétique fondamentale. Elle prône donc une augmentation de la surface foliaire, un enfouissement des déchets végétaux sur place, une biodiversité qui induit un équilibre entre les espèces nuisibles et leurs prédateurs. Un des moyens étant l'agroforesterie. Une diversification génétique des plantes cultivées pour conjuguer rendement et utilisation des ressources profondes du sol. Ces fonctionnements mènent à de meilleurs rendements énergétiques et économiques.
Le règlement européen est plus souple que le règlement français pour le label agrobiologie. Les contrôles sont annuels et sans avis. Un producteur bio doit afficher la fiche d'accréditation.
L'agroécologie de surcroits inverse le réchauffement climatique. 1% d'humus est perdu chaque année il suffit de réintroduire 4°/°° de plus d'humus dans le sol pour stopper l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère.

Nous aurions volontiers prolongé ces échanges.